Roberdam - Entretien 2020

Rn'R : Ma première question sera simple : en ces temps de confinement, difficiles pour le monde entier, comment vas-tu ?

Roberdam : Je vais bien. C'est un peu l'ascenseur émotionnel. Il y a des moments où je ne comprends pas trop ce qui se passe. Il m'arrive d'être frustré. Et à d'autres moments je suis content car je me sens posé et je prends enfin le temps et moi qui aime écrire sur cette notion de temps, c'est rarement évident. Mais là, je n'ai pas le choix; je prends le temps. Je prends le temps de vivre, de voir mes enfants grandir, de faire un potager, de retrouver des plaisirs simples, tout en restant chez moi. Donc globalement je vais dire que je vais bien.

R'n'R : Il y a deux ans, tu avais déjà répondu à quelques-unes de mes questions. Que s’est-il passé dans ta vie depuis ?

Roberdam : Depuis j'ai eu une petite fille. Mon deuxième métier, la thérapie, s'est accéléré. J'ai beaucoup de travail en temps que sohprologue. Je suis même devenu formateur en sophrologie. J'anime pas mal de journées de formations. Et j'ai écrit un spectacle pour enfants qui s'appelle "Le Théatre des Emotions" qui est vraiment le carrefour entre ma musique et mon approche de la thérapie et des émotions.

R'n'R : Tu as eu un diplôme de sophrologie. Qu’est-ce que la sophrologie a changé dans ta vie professionnelle et personnelle et as-tu l’impression que tu as pu aider d’autres personnes ?

Roberdam : La sophrologie n'a pas changé ma vie mais en tout cas elle m'a fait évoluer. J'arrive à exprimer plus facilement mes émotions, même si elles sont dures, pas forcément à les exprimer oralement mais ne serait-ce qu'avec des exercices de sophrologie. Avec aussi des réflexions, des regards sur moi-même. Je crois que j'arrive à être un peu plus stable émotionnellement. Je parlai d'ascenseur émotionnel, je te laisse imaginer ce que c'était avant. Ca m'aide également à avoir une vision plus positive de mon avenir. J'ai l'impression d'avoir aidé d'autres personnes, en tout cas je l'espère. Certaines personnes sont revenues travailler plusieurs objectifs personnels avec moi c'est que ça leur a apporté de belles choses. Et en tant que formateur je suis sûr d'amener les futurs sophrologues à passer leur diplome et à reconstruire leurs vies professionnelles.

Bande-Annonce du Théâtre des Emotions

R'n'R  : Le mot « rêve » est-il toujours aussi important pour toi ?

Roberdam : Oui il est toujours aussi important et maintenant il s'est marié avec le mot "réalisation". Je parle énormément de rêves depuis très longtemps, et maintenant j'ai compris que ça ne suffisait pas. En tout cas ça ne ME suffisait pas. Et aujourd'hui je suis dans une phase de réalisation.

R'n'R : Tu viens d’être papa. Qu’est-ce que ça a changé dans ta perception de la vie et dans ta vie ?

Roberdam : Oui je viens d'être papa. Il y a deux ans. Elle est d'ailleurs née le 11 mai. C'est mon troisième enfant donc ça n'a pas changé tant que ça, mis à part de retrouver des sensations et des émotions simples car à chaque étape de l'enfance, marcher par exemple, ça permet des petits bonheurs simples.

R'n'R : Tu t’es aussi formé à l’hypnose et à l’EFT. Ça consiste en quoi et est-ce que ça a débouché sur un diplôme ? As-tu pu ouvrir ton cabinet ?

Roberdam : Oui tout à fait je me suis formé à l'hypnose, à Bordeaux avec Pierre Declercq. C'était fabuleux. L'EFT, j'ai suivi une formation en ligne, ça vaut ce que ça vaut. L'hypnose est assez proche de la sophrologie finalement. Ca consiste à reprogrammer positivement des choses. C'est très intéressant l'hypnose, on travaille sur le côté inconscient de la personne. On dialogue avec le côté conscient et le côté inconscient de la personne. Et pour ça on va utiliser beaucoup d'images et de métaphores. Finalement l'hypnose se rapproche beaucoup de l'écriture. C'est raconter des histoires en fait. Mais bien sûr avec un objectif et un but thérapeutique. Comme certains contes en fait. Tout simplement. Et, oui, j'ai pu ouvrir mon cabinet, je l'avais déjà en tant que sophrologue et j'y ai ajouté cette carte d'hypnose.

R'n'R : Est-ce que la musique a une place aussi importante dans ta vie d’aujourd’hui ?

Roberdam : Oui, dans le sens où la musique me suit depuis que je suis gamin et je pense que je l'aurai toute ma vie de façon aussi importante. Mais c'est vrai que dans un point de vue professionnel, elle est moins importante puisque j'ai vraiment développé un deuxième métier, thérapeute, en parallèle, qui a forcément pris de la place. Mais finalement l'un nourrit l'autre et en fait, la musique est quand même un peu partout. Dans mes deux métiers, dans ma vie privée.

Rn'R : En tant que musicien, comment t’adaptes-tu au confinement ?

Roberdam : C'est exactement le mot; je m'adapte. Je fais des live Facebook. J'en ai fait sept d'une heure chacun. Pour retrouver ce lien du direct, du live, et pour les gens aussi. J'avais de bons retours donc c'était pour continuer à partager et à donner. J'ai aussi fait un clip, et du coup je travaille beaucoup avec les réseaux sociaux. En tant que musicien c'est ça. C'est travailler avec les réseaux sociaux. Et j'ai plus de temps pour écrire. Financièrement ce n'est pas rose du tout d'un point de vue musical mais en tout cas c'est une phase que j'ai appris à aimer, musicalement.

R'n'R : Penses-tu qu’après tout ça, le métier de musicien et la vie sociale dans son ensemble vont changer ? Et comment à ton avis ? Quel est l’avenir du métier de musicien ?

Roberdam : Je pense que le métier de musicien va évoluer. Je pense que l'on va être un peu plus connectés via les réseaux sociaux. On fera peut-être moins de concerts, moins de tournées, moins de kilomètres... On va devoir développer des solutions à distance avec des connexions de plus en plus stables, des concerts avec une façon de rémunérer ces concerts en live. Alors, c'est vrai, il ne faudra pas rester en chaussons sur son canapé avec trois accords à la guitare mais recréer un vrai univers de live depuis chez soi, pourquoi pas. Et en même temps ce n'est pas réducteur parce que du coup tu peux t'adresser au monde entier. Je pense que c'est surement l'avenir du musicien. Peut-être que le disque sera définitivement mort mais on va trouver de vraies solutions pour vendre notre musique sur les plateformes numériques. Mais ce n'est pas encore très rentable.

R'n'R : Le Covid-19 est-il un avertissement de notre planète de faire plus attention à elle ? En d’autres mots qu’est-ce qui devrait changer après le déconfinement selon toi ?

Roberdam : J'aime bien l'idée de voir en ça un gros message de la nature, de la planète qui nous met une bonne baffe dans la tronche et qui nous dit : "Attention les gars, vous faites n'importe quoi et on va se calmer. Vous ne voulez pas comprendre et bien... bim !". Là, ça y est, on est obligés de comprendre et j'espère que l'être humain est assez intelligent pour en tirer des leçons. Moi j'en tire, et j'espère pouvoir en tirer à long terme. Par exemple depuis le début de l'année, je ne prends plus l'avion. Terminé. Jusqu'à ce qu'on invente un avion ultra écolo mais pour l'instant je ne prends plus l'avion. J'ai même renoncé à une tournée à La Réunion pour ça. Qu'est-ce qui devrait changer ? Arrêter de prendre l'avion, arrêter de prendre sa voiture pour n'importe quelle raison. Rester chez soi. Aimer être chez soi. Continuer à partager sans forcément faire des kilomètres en voiture pour aller faire un bisou pour trois heures à quelqu'un. Je pense qu'on va devoir s'adapter pour le bien de notre planète.

R'n'R : L’être humain se fait-il à tout ?

Roberdam : J'en suis convaincu. Moi je me fais à tout. Je suis un être humain et je pense que tout le monde en est capable. En tout cas, tout ce qui m'a été proposé dans ma vie, je crois que je m'y suis à chaque fois adapté. C'était pas toujours une partie de plaisir mais oui, on se fait à tout. Je pense que c'est l'une des plus grandes qualités de l'être humain. De s'adapter.

R'n'R : Notre modèle sociétal doit-il changer, touche-t-il (enfin) à sa fin ? On voit partout que la nature reprend ses droits. La mer, les animaux, les plantes, les fleurs, le ciel revivent. La pollution s’estompe. On est peut-être de trop sur cette Terre, non ?

Roberdam : Oui je crois que l'on doit revenir, sur certains aspects de notre société du moins, au modèle d'il y a cent ans. Il faut arrêter de voyager partout. Je crois que c'est une évidence. Au lieu d'aller loin quand on a huit jours devant nous, sachons regarder ce qu'il y a autour de nous. Notre jardin est beau, et si tu n'en as pas, regarde le parc ou le lac autour de chez toi. Je crois qu'on va revenir à des fondamentaux. Si on est de trop sur cette Terre ? Non je ne crois pas, je crois qu'on est partie intégrante mais on sait faire évoluer notre espèce, de façon dramatique parfois. En fait, on a besoin de prendre de grandes claques pour comprendre et enfin respecter notre environnement.

R'n'R : Aller à un concert, ça veut dire, être serrés les uns contre les autres. N’y a-t-il pas un autre moyen d’assister à un concert sans être 4, 5 ou 6 par m² ?

Roberdam : Je ne sais pas, c'est une vraie question. Elle est compliquée parce que quand on va à un concert c'est aussi pour être les uns contre les autres. Pour ressentir de la chaleur, pour ressentir du coude à coude, de la transpiration, du partage, du bien-être. Selon les styles de musqiue, évidemment. Je ne vois pas trop assister à un concert de métal en restant assis et à deux mètres de distance les uns des autres. Certains styles de musique pourront peut-être s'adapter à ça. Peut-être le classique, le jazz, une pièce de théâtre... mais pour certains styles de musique c'est peu probable.

R'n'R : Tu es à l’initiative d’une très jolie vidéo (A L'Amitié, A L'Amour) sortie il y a quelques jours. Comment t’es venue l’idée de ce projet, comment as-tu construit ce projet, et quel a été l’accueil parmi tes amis, ta famille et les gens qui te suivent sur les réseaux sociaux ? En feras-tu une autre ? Et que retires-tu de cette initiative ?

Roberdam : Cette idée est venue du confinement et le fait d'avoir passé des heures en visioconférence à donner, à partager, à recevoir, avec la famille, les amis. Finalement on se rend compte que tout le monde faisait comme ça. Je me suis rendu compte que j'avais rarement passé autant de temps avec des amis, ou avec ma mère. Je me suis rendu compte que de tout ça, il y a un vrai élan d'amour, d'amitié de partage, d'envie, qui se dégage. Comme si c'était une cocotte-minute qui n'a le choix que de sortir, sortir autement du coup, et on arrive à faire passer plein de messages. Et de l'amour. Et peut-être même quasiment plus qu'avant. C'est même plus facile de dire je t'aime, ou autre chose, à quelqu'un quand on est derrière un écran ou derrière un téléphone que quand on est face-à-face. Ca a délié pas mal de choses. J'ai eu envie d'écrire sur ce constat. J'ai écrit et composé avec deux amis, évidemment à distance. Dans l'essence même de la chanson, c'était déjà partagé. J'en ai parlé pendant mes live facebook et j'ai demandé aux gens de me montrer ce qu'était leur quotidien confiné ou au travail mais en tout cas leur quotidien pendant cette période. Je leur ai demandé de m'envoyer leur séquence de dix, quinze secondes et au bout d'une semaine j'avais reçu près de trois-cents vidéos. C'était fou ! Des trucs super beaux, touchants, drôles ou même des trucs normaux mais toujours touchants. Du coup j'ai branché Wink Studio pour le clip et Fred Rozot.essentiellement. Ils ont trouvé l'idée géniale et on est partis là-dessus. La musique a été écrite avec Quentin Becognée et le texte avec Nicolas Dubois. Super accueil des gens, des amis, de ma famille et sur les réseaux sociaux. C'était assez fou. Le maitre-mot qui ressort de cette aventure est l'envie. Ca donne envie cette vidéo, je le vois, je le ressens. Et moi aussi elle me donne envie. Ca donne l'envie de partager, de donner, de recevoir. Et c'est assez fort. Voilà, je suis très content. En faire une autre ? Je ne sais pas. C'est hyper long, hyper chronophage mais j'avoue que j'aime l'idée de faire la suite de cette vidéo, peut-être avec les mêmes gens. Peut-être. Je n'en dis pas beaucoup plus. J'ai peut-être mon idée derrière la tête. Aller plus loin. Mais là je suis un peu crevé et je profite de ces beaux moments.

Vidéo de A L'Amitié A L'Amour

R'n'R  : Nous sommes confinés et je pense, dans leur ensemble, que même loin, les gens sont plus proches les uns des autres. Qu’en penses-tu ?

Roberdam : C'est ce que je disais, je suis tout à fait d'accord. Ca facilite. Je le sens même en thérapie. Je continue les thérapies à distance ainsi que les ateliers d'écriture, et du coup les gens sont chez eux, tranquilles. Ils ne sont pas dans un cabinet de thérapeute ou dans une classe, et en fait il y a du bon aussi. Tu fais ta thérapie chez toi, dans un endroit qui te met en confiance, confortable, avec ton p'tit café ou ton thé. Et tu peux travailler sur toi. Parfois mieux que chez le thérapeute. Du coup, même dans le partage ça peut avoir du bon. J'ai un ami qui habite en Chine et c'est la seule façon qu'on a de communiquer.

R'n'R : Quelle est ta journée type en confinement ?

Roberdam : Je me lève très tôt pour travailler car ma fille est là, et donc si je veux avoir un peu de temps pour travailler, c'est avant qu'elle se lève. Je me lève vers six heures et demie et j'ai au moins une heure et demie de boulot. Ensuite, je passe beaucoup de  temps avec ma fille tous les matins. L'après-midi on inverse, c'est moi qui peut bosser et ma femme qui garde la petite. L'après-midi j'ai des ateliers écritures et des séances de thérapie ou des ateliers collectifs de sophrologie. Et le soir je bois l'apéro, je me détends et si j'ai pas assez bossé dans la journée, je rebosse le soir après le repas, et sinon un film, j'aime bien. J'adore regarder des films.

R'n'R : Parle-moi de tes guitares ? Laquelle utilises-tu pour les live facebook et en as-tu d'autres ? Et que représentent-elles pour toi ?

Roberdam : La guitare que j'utilise pour les live Facebook, c'est une Crafter, c'est pas une super bonne guitare, par contre elle est super belle. Elle est agréable à jouer, j'aime beaucoup. J'aime bien sa tête, j'aime bien le dessin, c'est assez esthétique donc elle me plait. Mais quand je suis sur scène et quand il faut brancher une guitare et que ça doit forcément avoir un bon son, j'ai une Taylor, elle est moins jolie, elle est plus classique dans l'apparence, par contre elle sonne grave. Elle est très équilibrée, elle passe dans n'importe quel système. Figure-toi que ces deux guitares m'ont été offertes par un ami, Olivier Minel, qui est sommelier, mais qui est fan de guitare et qui en a une collection chez lui. Et quand j'allais chez lui, à chaque fois il me disait "Choisis une guitare". Je lui disais "Arrête t'es pas sérieux" et il me disait "Mais si, je sais qu'avec toi elles vivent bien, elles sont heureuses et elle ont une vraie vie. Avec moi elles restent accrochées au mur. Allez sers-toi !"  Donc c'est mon fournisseur officiel. Je suis pas un amoureux de la guitare, je suis pas un technicien, je suis pas amoureux de l'objet, je ne suis pas un spécialiste. J'ai mes deux guitares que j'aime bien, mais pour moi c'est un outil pour composer et accompagner mes textes et mon chant. C'est plutôt comme ça que je vois ce rôle. Mais la guitare n'est pas un instrument fétiche. Je ne suis pas du tout là-dessus.

R'n'R : Avec le recul, que penses-tu de ton album Je Rêve Donc Je Suis sorti en 2017 et quand aura-t-il un successeur ?

Roberdam : Je trouve que c'est un très bel album, j'en suis très content, très fier. Je me suis mis à le réécouter parce que ma fille me le demandait et ça la calmait quand elle était en crise. Je le trouve bien, mais si c'était à refaire, il y a quatre ou cinq titres que j'enlèverais ou que je ferais différemment mais il y a à peu près 70% de l'album que je trouve vraiment classe. J'en suis très content. J'espère rapidement qu'il aura un successeur. C'était pas du tout prévu car j'étais sur une dynamique de spectacles pour enfants, sauf que ce qui est en train de se produire avec cette chanson A L'Amitié, A L'Amour, on va voir où ça nous mène mais j'ai eu une ou deux propositions pour y penser et peut-être embrayer sur un deuxième album. Peut-être qu'en 2021, il y aura une suite.

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